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Recherches archéologiques

Place de Saint Job, site de l’ancien château de Carloo à Uccle

Dans le cadre des marchés publics ouverts par le Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale (Direction des Monuments et des Sites), le CReA-Patrimoine et la Société Royale d’Archéologie de Bruxelles ont réalisé une recherche archéologique sur la place de Saint-Job à Uccle. Il s’agissait d’une intervention préalable à la construction d’un second bassin d’orage sous la place par les intercommunales Hydrobru-/Vivaqua. Placée sous la responsabilité scientifique de la S.R.A.B., la fouille a été conduite d’avril à juin 2012 par les archéologues Sylvie Byl, Céline Devillers et Michel Fourny, avec l’aide des opérateurs Marc Gevaert et Laurent Benois ainsi que de nombreux stagiaires et étudiants en archéologie. L’expert en archéologie du bâti Philippe Sosnowska et le pédologue Yannick Devos ont contribué à l’analyse des structures et du terrain.

Les documents attestent de la présence des demeures des seigneurs de Carloo à l’emplacement de la place actuelle depuis la première décennie du XIIIe siècle. Une campagne de fouille avait été menée en 1998 par le Service des Monuments et Sites préalablement à la construction d’un premier bassin de retenue des eaux. Réalisée sous la direction de Sylvianne Modrie, cette investigation avait permis de mettre au jour les vestiges en fondation des constructions des XVIe–XVIIIe siècles dans le sous-sol de la place. La fouille de 2012 a permis de compléter les informations archéologiques concernant le plan terrier et la mise en œuvre du château de Carloo lors de phases qui ont pu être différenciées et caractérisées. Cette dernière campagne de fouille a ainsi révélé la base d’un très long (65,50 m) mur de façade remontant à la dernière phase de reconstruction du château, entreprise vers 1772 par Jean-Joseph-Philippe van der Noot, baron de Carloo et comte de Duras. Pour édifier sa demeure, ce riche personnage avait fait appel à Barnabé Guimard (1731-1805), architecte parisien parmi les plus en vogue de l’époque. Installé à Bruxelles en 1761, ce dernier y avait supervisé les travaux de l’ensemble néoclassique de la place Royale et des abords du Parc de Bruxelles, avec notamment les hôtels Bellevue et Errera ou encore le Palais de la Nation. D’après quelques rares documents d’archives, le château édifié à Uccle était aussi de style néoclassique. Il était installé sur une esplanade rectangulaire entourée de douves rectilignes. Le long mur dégagé en 2012 correspond au front sud du complexe castral, en bordure des douves. Un sondage profond ainsi que le suivi de la démolition des vestiges ont permis d’observer, sur toute sa hauteur, le parement conservé du mur présentant deux bandeaux de pierres en calcaire gréseux et trois assises de grands blocs de grès ferrugineux. Ces assises reposaient sur un niveau de fondations mêlant des fragments de brique à du mortier surmontant des éléments en bois appartenant probablement à un radier de fondation.
Du côté intérieur du château, la maçonnerie intègre plusieurs massifs en brique appartenant aux phases antérieures. L’entrée dans le domaine était encadrée par deux pavillons situés de part et d’autre d’une drève aboutissant à la chaussée de Waterloo ; l’un d’eux a été mis au jour lors de la fouille. Le château a été détruit vers 1790 lors de la Révolution brabançonne et les douves ont été comblées vers 1860. Seuls les pavillons ont alors subsisté, suite à la réaffectation d’une partie des lieux en une blanchisserie, jusqu’à l’aménagement de la place actuelle en 1910.
Durant les fouilles, des visites guidées ont été organisées en collaboration avec le Cercle d’histoire, d’archéologie et de folklore d’Uccle et environs. Après une introduction historique donnée par Patrick Ameeuw, les visiteurs pouvaient ainsi prendre connaissance au fil des semaines des découvertes de la fouille.

Voir :
Bull trim, 66, mars 2012, p. 12-16 ;  71, juin 2013, p. 4-12.
Lettre d’information du CReA-Patrimoine, JANV.-JUIL. 2012, n° 7-8, p. 6.