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Denier Carolingien de Louis le Pieux (814-880) trouvé dans le remblai de la crypte de Sainte Gudule

Recherches archéologiques

Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule

 

Vers une église préromane (IXe-Xe siècles)


Deuxième surprise de ces fouilles : si aucune trace directe d’une construction antérieure à ce complexe roman ne fut rencontrée, des restes d’inhumations apparurent toutefois. Ils étaient stratigraphiquement antérieurs aux fondations romanes anciennes de la nef ou du transept. Ces tombes étaient orientées à l'Est et appartenaient à un ancien cimetière.
Les datations effectuées sur les ossements par la méthode du radiocarbone ont fait remonter ces sépultures aux IXe et Xe siècles. Un cimetière appartenant à cette époque pouvant difficilement être disjoint d’un lieu de culte, ces constatations de terrain tendaient à confirmer l’existence d’un sanctuaire préroman antérieur à l’an mil. La découverte de monnaies et de tessons de céramiques confirme l’origine carolingienne du site.

L'église romane (peu avant 1047)


Au contraire de l’édifice gothique que nous connaissons (commencé vers 1225), où tout fut conçu de plain-pied, la collégiale romane s’étageait intérieurement selon trois niveaux successifs : la nef au niveau inférieur, le transept intermédiaire et le chœur surélevé supporté par une crypte. Ces trois niveaux étaient bien distingués par deux volées d’escalier d’une dizaine de marches chacune, soit deux dénivellations d’environ 1,60 m.
L’église gothique a par la suite établi son transept au niveau du transept roman, a rabaissé à ce même niveau le chœur en supprimant la crypte dont les voûtes furent démontées et le reste comblé, et enfin a exhaussé la nouvelle nef et ses bas-côtés par remblaiement des vestiges romans.
La crypte, que l’on peut visiter grâce à la pose d’une dalle de protection, constitue la partie la mieux conservée de l’église romane. Certes, la voûte a disparu, mais les vestiges formés par l’élévation de murs enduits et chaulés, associés aux fondations gothiques, encadrent toujours quatre colonnes centrales de grès brun qui se dressent sur leur sol d’origine. Ce sont les témoins architecturaux les plus anciens que l’on puisse visiter à Bruxelles même. Les parois portent, en plus de l’intéressante figuration de deux apôtres peints en rouge, une riche série de graffiti très diversifiés, antérieurs à 1225. On peut y déchiffrer bon nombre d’inscriptions.
La nef à collatéraux comptait cinq travées séparées par de forts piliers carrés ; une sixième correspondait à l’escalier reliant nef et transept.
Cette église est identifiée à la première collégiale de Bruxelles, placée sous le double patronage des saints Michel et Gudule et bâtie dans le deuxième quart du XIe siècle.


Vue générale de la crypte romane (première moitié du XIe siècle), avant que ne vienne la protéger une dalle de béton rétablissant
le niveau gothique (Lanoo).

L'avant corps-roman


Plus tard, peut-être seulement vers la fin du XIIe siècle, le mur de la façade de la première collégiale fut détruit pour y adjoindre un imposant agrandissement : un avant-corps d’inspiration rhéno-mosane avec tour centrale carrée, encadrée de deux clochers ronds. Dans le prolongement de ce massif, il n’a jamais été créé, à cette époque, de nef, de transept ou de chœur nouveau. Seule une travée de transition fut ajoutée et implantée, elle aussi, à l’extérieur de l’ancienne façade.

Les deux périodes de l'église romane : [1] = XIe siècle ; [2] = XIIe siècle (SRAB, Lanoo).

Sur le plan de la cathédrale actuelle - essentiellement gothique depuis 1225 - se détache celui de la première église romane dont les restes architecturaux nous sont parvenus.
Sous le chœur, la crypte est beaucoup mieux conservée (SRAB).

L'église gothique


Le projet de construction d’une collégiale gothique aux allures de cathédrale est dû à l’initiative du duc Henri Ier de Brabant (1190-1235). L’édifice gothique fut construit autour de l’église romane, démolie progressivement. Les travaux qui débutèrent par le chœur, à l’est, vers 1225, n’aboutirent que deux siècles plus tard au remplacement de l’avant-corps roman par les deux tours occidentales gothiques. Celles-ci ne furent jamais couronnées de flèches.

 

Maître à la vue de Sainte-Gudule, l’enseignement pastoral (détail), 3e tiers du XVe siècle, Paris, Musée du Louvre. Ce maître anonyme doit sa notoriété au fait d’avoir utilisé la collégiale en construction comme toile de fond de cette peinture. Il était actif à Bruxelles fin du XVe, début du XVIe siècle. Cette représentation minutieuse et correcte de la façade occidentale permet de savoir que, vers 1480, la tour nord s’élevait jusqu’à hauteur du deuxième étage et que la tour sud était déjà terminée.

Vue axonométrique de la Cathédrale (SRAB) - L'église gothique est en progression vers l’ouest ; l'avant-corps roman subsistera jusqu'à l'édification de l'actuelle façade occidentale, caractérisée par ses deux tours carrées et son triple portail.