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Place du Grand Sablon 49, vue de la façade à rue (S. Byl ©MRBC)

Recherches archéologiques

Place du Grand Sablon, 49, Bruxelles

 

Relevé du parement intérieur du mur de façade arrière (DAO CReA-Patrimoine © MRBC)

L’équipe chargée de l’archéologie bruxelloise au CReA-Patrimoine (Sylvie Byl, Paulo Charruadas, Céline Devillers et Philippe Sosnowska) a mené, en collaboration avec la Société royale d’Archéologie de Bruxelles (Pierre Anagnostopoulos et Marc Gevaert), une étude archéologique de la maison sise au n°49 de la place du Grand Sablon. Il s’agissait d’une intervention préalable à un projet de rénovation et de restauration dirigé par le bureau d’architecture Créplet, qui a été réalisée durant les mois de juin et juillet 2013.
Le bâtiment abrite depuis le siècle dernier un estaminet dénommé « Aux Bons Enfants ». Il est classé comme « maison traditionnelle » et est daté par le millésime <1567> ancré sur sa façade. Cependant, l’analyse des maçonneries révèle une réalité bien différente, témoignant de la complexité de l’évolution de l’habitat urbain. Ainsi, différentes phases chronologiques ont été établies lors de l’étude archéologique s’échelonnant principalement entre le XIVe/XVIe et la fin du XIXe siècle. Celles-ci nous révèlent une grande diversité des matériaux utilisés et des mises en œuvre qui varient en fonction des différentes campagnes de construction.
Parmi les grandes phases de constructions, citons principalement des vestiges de maçonneries présentant un appareillage flamand qui ont été décelés dans le mur arrière formant la limite parcellaire. Ce type d’appareillage, alternant briques posées sur panneresse et sur boutisse sur une même assise, est daté en région bruxelloise des XIVe et XVIe siècles. Le mur gouttereau occidental, qui correspond au mur de façade oriental du bâtiment voisin nos 47-48 de la place du Grand Sablon et au mur de façade arrière du no50 de la rue de Rollebeek, présente quant à lui un appareillage dit croisé. Le format de briques utilisé pour ce mur permet de le dater, avec toute la prudence requise, du XVIe siècle. Les murs de façade avant et arrière, ainsi que les planchers du deuxième niveau des combles et la charpente de toiture sont attribués au XVIIe siècle. La relation stratigraphique entre la façade arrière et la partie ancienne du mur oriental, qui semble correspondre à l’édifice dans lequel les religieuses de Lorraine installèrent leur chapelle en 1682, n’a pu être établie, alors qu’elle constitue une donnée fondamentale dans la construction de la chronologie du site.Un escalier hors-œuvre construit en bois est postérieur à l’édification de la façade arrière et une datation au cours des XVIIe - XVIIIe siècles est proposée pour son installation.
Enfin, le mur gouttereau oriental fut reconstruit en 1896 lors de l’aménagement de l’immeuble voisin dans le contexte du percement de la rue Lebeau.

Il devient systématique en région bruxelloise – et tout spécialement dans le Pentagone (ville historique) – de constater que les maisons, généralement datées et classées simplement par l’analyse formelle de leur façade, s’avèrent plus complexes, résultats d’un ensemble de phases de construction et de réaménagement qui livrent des informations de première importance pour la compréhension du bâti urbain sur le temps long.