Accueil

Le site en cours de fouilles

Bilan des fouilles préalables à l’aménagement d’un bassin d’orage sous la plaine de jeu Van Becelaere à Watermael-Boitsfort

Sylvie Byl


De janvier à avril 2014, des fouilles préventives ont été menées au croisement de l’avenue Van Becelaere et de la rue du Bien-Faire à Watermael-Boitsfort (Région de Bruxelles-Capitale). L’équipe formée par Sylvie Byl (responsable du chantier) et Céline Devillers, avec la collaboration de Yannick Devos, Philippe Sosnowska, Clara Boffin (Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique), Pierre Anagnostopoulos et Michel Fourny (SRAB), a pu compter sur le travail efficace des opérateurs Frédéric Légat et Marc Gevaert (SRAB) et l’aide de nombreux étudiants et jeunes diplômés en archéologie de l’ULB. L’intervention prévoyait la fouille complète du sous-sol de la plaine de jeux communale Van Becelaere, avant sa destruction temporaire pour permettre la construction d’un bassin d’orage. La zone concernée est classée comme site à haut potentiel archéologique en raison de sa situation proche du centre médiéval du village de Watermael. En effet, les plans anciens indiquaient la présence sur le site de deux bâtiments.

Le premier, correspondant au corps de logis d’une ferme, se développe à front de rue. Le second, situé à l’arrière de la parcelle, était accessible via un chemin latéral aujourd’hui disparu et appelé Diepeweg. Cette ferme pourrait constituer une dépendance du Gulde Casteel, également dénommé manoir De Vleughe, château de plaisance datant du XVIe siècle qui disparut vers 1820 laissant peu de traces dans les archives.
Les bâtiments subsisteront jusqu’en 1968 et seront détruits lors d’une campagne contre l’insalubrité des logements. Un projet immobilier planifié par la commune ne sera jamais réalisé et le terrain sera laissé à l’abandon jusqu’en 1975, date à laquelle la plaine de jeux sera aménagée.

1. Vue générale des structures les plus anciennes repérées

Quatre tranchées ont été ouvertes à l’emplacement du futur bassin d’orage. Grâce à des photos aériennes prises entre 1935 et 1953, elles ont pu être implantées au cœur des bâtiments. L’intervention de terrain a permis de retracer l’évolution d’une ferme et d’habitations s’échelonnant du Moyen Âge à nos jours. Au total, quatre phases principales ont été définies, allant du XVIe siècle au XXe siècle.
La phase la plus ancienne rencontrée sur le site est datée du XVIe siècle. Il s’agit d’un bâtiment de plan rectangulaire, orienté nord-sud, matérialisé par son mur gouttereau occidental et un mur de refend, tous deux maçonnés à l’aide de moellons de calcaire gréseux. Un revêtement de sol, mélangeant pierres et briques, ainsi qu’une cheminée ancrée dans un mur en pierres ont également été mis au jour. Au XVIIe siècle, le bâtiment fut victime d’un incendie comme en témoignent deux horizons brûlés rencontrés au-dessus du revêtement de sol. Il s’agirait probablement d’un pan de mur en bois effondré. Un deuxième bâtiment, s’étendant vers le sud, est installé directement sur ces couches d’incendie. Ce dernier, également de forme rectangulaire, est adossé au premier. Le format des briques utilisées permet de proposer une datation à partir du XVIIIe siècle. Durant le XIXe siècle, la parcelle sera modifiée à plusieurs reprises et les bâtiments changeront de fonction. En 1854, le terrain est considérablement réduit lors de la construction de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Namur. De plus, le nouveau propriétaire, Jean-Baptiste Derom (boucher et aubergiste) divisera les bâtiments en diverses habitations et commerces, entraînant une série de réaménagements perceptibles dans les vestiges mis au jour. Les squelettes de deux bovidés retrouvés en connexion anatomique sont peut-être à mettre en relation avec l’activité de ce dernier.
Les principales modifications apportées à cette époque aux habitations s’observent dans les revêtements de sol mais aussi dans l’aménagement de nouveaux espaces et de structures utilitaires telles que des citernes. Il n’est pas aisé d’identifier toutes ces transformations car la mise en œuvre et les formats de briques varient considérablement. De plus, certaines structures utilisent des matériaux de remploi rendant leur datation difficile. Le matériel récolté est en grande partie attribuable à l’époque moderne avec de nombreux objets contemporains liés à la destruction des habitations.

2. Relevé topographique de la tranchée 02.

Les rapports de fouilles et d’études annexes ont été transmis à nos commanditaires, la Direction des Monuments et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale. Ces rapports seront très prochainement consultables en ligne.

Le chantier a fait l’objet d’un coup de projecteur de la part des médias bruxellois : retrouvez les différents articles et reportages sur le site internet du CReA-Patrimoine dans la rubrique « Actualités ».