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Dessin d’un broc orné d’un médaillon et d’un visage barbu, produit à Bouffioulx vers 1600

Recherches archéologiques

Place Royale et Palais du Coudenberg

 

Principaux résultats des fouilles en fonction de l’ordre chronologique des constructions :

1. Sous le début de la rue Royale (entre le Musée BELvue et le Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale) : les témoins architecturaux les plus anciens connus sur le Coudenberg. Il s’agit des premiers éléments tangibles du château bâti vers le XIIe siècle.

2. Sous la rue Royale : la haute cave des XIIIe-XIVe siècles.

3. Sous la place Royale, l'Aula Magna du XVe siècle : la totalité des bases du grand édifice bâti au XVe siècle, à partir de 1452, pour abriter une vaste salle d’apparat qui disparaîtra suite à l’incendie de 1731.

4. Sous le centre de la place Royale : les bases d’un élément du corps de bâtiment (reconstruit vers 1478-1480) séparant la cour d’honneur de l’espace public de la place des Bailles.

5. Sous la place Royale, longeant les fondations du Musée des Instruments de Musique : le tronçon d’une rue disparue de Bruxelles, la rue Isabelle.

 


1. Au départ de la rue Royale (entre le Musée BELvue et le BIP) : les témoins architecturaux en sous-sol les plus anciens connus sur le Coudenberg

Les plus anciennes constructions médiévales reconnues jusqu’à présent par les fouilles archéologiques pourraient remonter au XIIe siècle. Le noyau primitif conserve trois murs en moellons de calcaire gréseux de plus de 3 mètres de haut qui délimitent un espace quadrangulaire de 7 x 12 mètres. Le pan de mur orienté vers le nord est percé de trois fenêtres de jour à caractère défensif qui indiquent une ancienne limite du château qui s’est élargi par la suite, probablement dès le XIVe siècle.

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2. Sous la rue Royale : la haute cave du XIIIe-XIVe siècles

Alors que la cave d’origine comportait sans doute un plancher, l’aménagement de deux travées de voûtes d’arêtes en pierre remonte probablement au XIIIe ou au XIVe siècle, conjointement à des travaux d’épaississement du mur de façade, sans doute dans un but défensif. Le niveau de sol original a alors été abaissé et réaménagé en terre battue. Les tessons découverts en son sein remontent au plus tôt au XIVe siècle.

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3. Sous la place Royale : l’Aula Magna du XVe siècle

L’Aula Magna ou « grande salle » caractéristique des résidences princières médiévales, était une salle destinée aux réceptions d’apparat : banquets, grandes assemblées de toutes espèces, privées et officielles.
Les textes d’archives nous indiquent le commencement des travaux en 1452 et l’achèvement du gros œuvre en 1460. Le projet était avancé par le duc de Bourgogne (et de Brabant), Philippe le Bon, qui obtint la participation de la Ville.
Cette salle correspondait en fait à tout l’étage noble d’un édifice qui, par ses salles basses comme par les très nombreuses pièces des combles, formait un tout fonctionnel, architecturalement bien individualisé.
En plan, il s’agit d’un grand rectangle renforcé aux quatre angles par une tour polygonale assurant les circulations verticales. Une cinquième tour s’ajoute du côté de la cour d’honneur. Les hautes toitures à deux versants sont en ardoise.
Il est difficile, à partir des vues anciennes, de déterminer la hauteur totale de l’édifice. De l’examen cumulé des sources iconographiques et d’archives, il ressort que le bâtiment était aussi haut que long.
L’accès à la salle d’apparat se faisait par un escalier extérieur couvert et à double volée, dont il ne reste que quelques fondements. C’était la seule partie ornée de cet édifice, par ailleurs d’une architecture extrêmement dépouillée.

Escalier montant vers l’ancienne cour d’honneur du palais (Photo R. Dekock)

Le niveau de la cour d’honneur s’établissait à 59m60 (niveau absolu), soit 1m60 sous le pavé actuel ; le niveau du palier supérieur, et donc celui de la salle elle-même, pourrait s’être situé de prime abord une vingtaine de centimètres au-dessus du pavé moderne.
La salle, totalement disparue, était d’une venue, sans colonnes ni piliers. Elle était originellement éclairée par des fenêtres hautes percées dans les quatre murs.  
Au sol, un dallage de pierres bleues et beiges dont on a retrouvé de nombreux exemplaires. En couverture, un plafond charpenté divisé en caissons carrés. Une couche carbonisée des bois de plafond et de charpente a été retrouvée sur le dallage écroulé.
L’essentiel des informations archéologiques concernent les salles basses qui supportaient l’étage d’apparat. Pour l’essentiel, ce n’était nullement des caves : vaste cuisine ou office, salles d’eau et sans doute aussi cave à vin et appartements. L’organisation en plan est simple, mais de fortes différences de niveau la compliquent. Le rectangle est divisé longitudinalement en deux par un couloir qui dessert une série d’espaces situés à du côté Est : appartements munis d’âtres, et escalier débouchant directement dans la cour d’honneur. Du côté Ouest : salles d’eau surélevées de près de 1m70 et cave à vin. Du Sud au Nord et sur toute sa longueur, le couloir s’abaisse de vingt centimètres pour assurer l’écoulement de la rigole alimentée par des eaux venues de ces salles.
Du côté Nord, la cuisine (espace G) était établie 50 cm plus bas que le couloir. Elle se dispose en L avec un grand âtre du côté du mur et trois autres du côté du pignon. Le sol de briques est traversé par la canalisation évacuant les eaux de la rigole jusqu’à la rue.
Toutes les salles basses étaient voûtées. La cuisine et les salles du corps de garde avaient des clés de voûtes en pierre, sculptées à l’emblème personnel de Philippe le Bon : le briquet de Bourgogne (pièce de fer en forme de B dont on battait le bord rectiligne avec un silex pour faire jaillir l’étincelle).

Clef de voûte ornée de briquets de Bourgogne, emblèmes de Philippe le Bon

Les murs gouttereaux et plus encore les murs pignons sont extrêmement épais en fonction des élévations à atteindre : respectivement 2m35 et 2m65. Faits d’un moellonnage brut, mêlé de briquaillons noyés dans un mortier de chaux, ils étaient revêtus d’un parement de pierres blanches, largement récupéré lors des démolitions au XVIIIe siècle. Des conduits verticaux étroits ont été ménagés dans le corps des murs gouttereaux de place en place. Ils aboutissent à des cavettes voûtées indépendantes, situées dans les fondations du mur et ouvrant dans la rue extérieure, chacune par un soupirail : les fosses d’aisance au fond desquelles de nombreux objets de la vie quotidienne ont été jetés ou perdus.
Le matériel archéologique recueilli est extrêmement abondant : pierres sculptées ornementales où le briquet de Bourgogne est omniprésent, pièces en fer extrêmement nombreuses : clés, serrures, verrous, pentures, clouterie très diversifiée, quelques armes dont un petit canon en fer ; vaisselle de terre cuite usuelle. On retiendra surtout les armures retrouvées sous un escalier effondré et dans les remblais, une statue en pierre, grandeur nature, du XVe siècle. 
Quelques témoins stratigraphiques suggestifs ont été conservés en place et en particulier plusieurs mètres carrés du dallage de la salle d’apparat, tombés d’une pièce sur le sol de la grande cuisine lors de l’explosion des voûtes opérée en 1775.

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4. Sous le centre de la place Royale : le corps du bâtiment fermant extérieurement la cour d’honneur

En 2000 déjà, puis en 2003, à l’occasion de l’aménagement d’une sortie de secours dans l’angle Sud de l’Aula Magna, au centre de la place Royale, il fut possible de fouiller un petit complexe de caves jouxtant l’édifice.
Extérieurement, on a mis en évidence deux niveaux : celui de la cour d’honneur et celui de la place des Bailles. De ce côté, en façade, des emplacements de boutiques en bois où les artisans actifs dans le palais écoulaient une partie de leur production ont été retrouvés. Les boutiques ont fonctionné jusqu’à l’incendie de 1731.

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5. La rue Isabelle

Les fouilles de la place Royale ont permis de retrouver le niveau exact et des lambeaux encore en place du pavage tel qu’il existait avant l’incendie. Il s’agit d’une rue descendant à flanc du versant. Sa largeur permettait le passage aisé des charrettes et voitures. Elle était recouverte par des déversages méthodiques de décombres de toutes natures venus de différents points de la ville, conformément au règlement qui avait été pris en vue du remodelage topographique du Coudenberg.
Peu de choses antérieures en rapport direct avec le palais ont été rencontrées, sinon des débris de bouteilles de vin du début du XVIIIe siècle, portant le cachet de la gouvernante Marie-Elisabeth dont nous identifions la cave à vin dans la salle basse sous la grande salle d’apparat, à l’angle de la rue Isabelle et la place des Bailles.

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Les fouilles de l’ancien palais de Bruxelles ne sont pas terminées. Il reste différents secteurs où les recherches peuvent encore se développer. Mais elles font surtout place maintenant à une présentation muséographique (Coudenberg, Ancien Palais de Bruxelles. Site archéologique et musée) du grand parcours archéologique mis au jour et accessible au public depuis l’an 2000. Parallèlement, la restauration et les études archéologiques et historiques se poursuivent en faisant appel à toutes les spécialités de la recherche.